La Grande roue

Le 4 Mai 1919

Mon petit Coco chéri,

Ma première journée passée loin de toi s’est à peu près bien comportée. Marie-Louise a contribué pour une bonne part à me distraire. Pour une fois, elle était exacte au rendez-vous. A 3h tapant, elle arrivait. Auparavant, était arrivé à 3hm10 l’enseigne. Ça fait que nous avons bavardé en l’attendant. Le plus drôle, c’est qu’il ne m’avait pas reconnu et qu’il n’osait m’aborder de peur de se tromper.

charles de la Fournière
Charles de la Fournière, l’enseigne

Lorsque Marie-Louise est arrivée, on ne savait pas au juste quoi faire. Elle s’est décidée pour une balade au bois. Nous avons pris un taxi jusqu’à la porte Dauphine et de là, nous avons été nous promener dans le bois. Ensuite, nous avons été goûter au pavillon chinois. Il y avait un orchestre de tziganes, épatant. Moi qui avait envie d’une glace depuis longtemps, je me suis régalée.

pavillon chinois

Marie-Louise après a manifesté le désir d’aller à la grande roue. Elle n’y avait jamais monté. Aussi, nous revoilà partis tous en taxi à la grande roue. Je croyais bien qu’elle ne marcherait pas. Aussi, on avait décidé, si ça ne marchait pas, de se faire conduire au Musée Grévin. Elle marchait au grand bonheur de Marie-Louise, mais beaucoup plus lentement que l’autre fois. Si lentement que l’on pouvait monter en marche. Elle ne s’arrêtait jamais complètement.

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Nous voilà donc montés dans un wagon-salon (beaucoup plus chic que celui de l’autre fois). Je veux m’asseoir dans un fauteuil. Il paraissait assez haut, je me laisse tomber de toutes mes forces. Voilà qu’il n’y avait plus de ressors et je m’enfonce les quatre fers en l’air. Tu penses d’un fou-rire ! Nous en étions malade de rire. Marie-Louise en pleurait.

Après, voilà l’enseigne malade pour de bon. Il avait des étourdissements et a été obligé de mettre sa casquette sur ses yeux afin de ne rien voir bouger. Enfin, au bout d’un instant, ça allait mieux. La vue n’était pas si jolie que l’autre fois, car le ciel était couvert de nuages. En descendant, nous avons été à la Galerie des glaces, où nous avons bien ri. Hier, il n’y avait pas foule et l’on pouvait se promener tranquillement. De là, nous avons pris le métro et nous nous sommes quittés à Pigalle.

Je suis rentrée à 6 heures à la maison. Tes parents n’étaient pas encore là. Ils sont rentrés une demi-heure après. Ils ont fait un bon voyage. Ton oncle est resté avec Tantante là-bas, jusqu’à Lundi. Décidément, Le Mesle leur plait !

J’espère petit Loul que ton voyage ne t’a pas trop fatigué et que tu ne t’ennuies pas de trop. Je voudrais être à la fin de la semaine pour avoir de tes nouvelles.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je te quitte mon petit chéri en t’envoyant les plus tendres baisers et les plus douces caresses de ta petite gosse à qui tu manques tant,

Mino

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