Mon fricot m’appelle

Le 27 Mars 1919

Mon petit chéri,

Je t’écris de la maison. Devine à quelle heure je suis arrivée ? A 10h exactement. Cela ne m’arrive pas souvent. C’est parce que je me suis levée de bonne heure ! A 8h tapant. Lorsque mon Loul est là, je n’en fais pas autant !!!…

J’espère que tu as passé une bonne nuit et que tu es remis des nombreuses fatigues de ton voyage. Heureusement que tu as quelques jours devant toi avant d’entreprendre à nouveau ce voyage. Sans quoi, mon pauvre tout petiot serait complètement flapi.

Nous n’avons pas reçu d’autres nouvelles de tes parents. Nous pensons qu’ils seront de retour pour Lundi. Il fait très vilain ici. De la pluie depuis ton départ. Si le temps est pareil là-bas, il ne prolongeront certainement pas leur séjour.

Hier, Suzanne a reçu un mot de Pierre. Il est bien arrivé à son poste. Son camarade est parti aussitôt. Il dit qu’il téléphonera aujourd’hui pour savoir si Papa pourra aller le chercher en voiture demain Vendredi. Il en sera pour ses frais et sera sans doute obligé de venir par le train. Il dit qu’il est assez bien logé. Il a une chambre avec un bon lit et de bonnes couvertures ouatées.

Hier, j’ai trotté toute l’après-midi pour trouver des chaussures. Je n’ai rien trouvé. Où nous avions vu les petits souliers à 40f de la couleur de ma robe, ils n’avaient pas ma pointure. Ailleurs, c’est trop cher. Je vais encore chercher.

talons 1916

Tantôt, comme c’est la Mi-Carême, mon père ne travaille pas. Je vais aller essayer mes robes.

Je te quitte voici Midi, mon fricot m’appelle.

En espérant que ma lettre te trouvera en bonne santé, je t’envoie mon petit Loul chéri les plus tendres baisers de ta petite gosse qui t’aime de tout son coeur,

Mino

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