Le 13 Février 1919
Mon petit Coco chéri,
Aujourd’hui, je ne suis pas aussi pressé qu’hier aussi je viens bavarder plus longuement avec toi. J’espère que tu es bien rentré à ton escadrille et que ton absence n’a pas été trouvée un peu longue.
Nous avons reçu une lettre de Pierre hier, qui nous dit avoir beaucoup souffert du froid en conduisant un tracteur. J’espère que de ton côté, tu n’as pas trop à en souffrir et que ton rhume est tout à fait guéri à présent.
Comme je te le disais dans mon mot d’hier, j’ai été avec Maman visiter un appartement à Montmartre. Il n’est pas mal. Il plait assez à Maman. C’est au 5e rue de Trétaigne. Il y a 1 salon, 1 salle à manger, 4 chambres et 2 petites pièces et 1 salle de bain. Papa doit aller le visiter aujourd’hui. S’il lui plait, je crois qu’il l’arrêtera. C’est à côté de chez Marie-Louise, près du métro Joffrin.
En parlant de Marie-Louise, elle m’avait dit Jeudi dernier devant toi qu’elle viendrait déjeuner. Elle n’est pas venue ! Cela n’a rien de surprenant de sa part !
En sortant de cet appartement, nous avons Maman et moi grimpé la butte jusqu’au Sacré-Coeur. Nous n’avons rien vu. Nous sommes redescendues par la place Clichy, sans apercevoir le moindre écriteau. C’est à se décourager ! Aujourd’hui, repos pour moi, comme je suis venue à la maison, je n’ai pas été à la recherche.
Mardi, j’ai été rue de Rennes voir l’appartement que nous avions aperçu dans l’autobus. Il était loué. Il en restait un autre au 4ème mais pas de confort. J’ai fait ce jour-là tout le Boulevard St Germain, le Boulevard Raspail, sans rien trouver. C’est effrayant ce que ça devient difficile de se loger à présent.
Mardi matin, j’ai été dire un petit bonjour à notre moto ! Elle a l’air très impatiente de faire sa première sortie avec ses deux cavaliers !!! J’espère que tu pourras venir bientôt la terminer !
Parle-t-on toujours de vous envoyer au Bourget ?
En attendant de tes chères nouvelles et en espérant que tu es en tout à fait bonne santé, je t’envoie mon Aimé chéri les plus tendres baisers et les plus folles caresses de ta petite gosse qui t’aime de toutes ses forces,
Mino
