Le 27 février 1919

Mon tout petiot Aimé,

J’espère que tu es toujours près de Neufchateau et toujours en parfaite santé. Je ne sais pourquoi, hier soir en me couchant, j’avais le vague espoir que je serai réveillée par mon petit Loul ! Hélas ! Je me suis trompée. Et c’est bien toute seule que je me suis éveillée !

Maintenant, je ne t’attends plus cette semaine car voici la fin du mois et tu attendras certainement de toucher ta solde avant de revenir.

Hier tantôt, j’avais envie d’aller faire un tour au Champs de Mars pour voir les side-cars en question, mais il faisait tellement mauvais temps que j’ai remis cette course à un autre jour.

Pierre n’est pas sorti hier soir, aussi nous avons fait une petite partie de 7½. Cela m’a rapporté 4f25. Maman a tout perdu après avoir gagné la forte somme. Aussi elle n’était pas très contente !

Aujourd’hui, je vais déjeuner à la maison. Aussi je te quitte bien vite petite chéri, car l’heure tourne.

En espérant avoir un petit mot ce soir ou demain matin, je t’envoie mon mignon Loul Aimé une foule de bien tendres baisers et de bien douces caresses de ta petite gosse qui t’adore,

Mino