Le 14 Février 1919

Mon tout petiot Aimé,

Je n’ai pas encore reçu de tes nouvelles, j’espère en avoir ce soir ou demain matin.

Papa a été visiter l’appartement en question hier avec Suzanne. Il lui convient assez. Il a aussi visité une usine à Courbevoie. Elle ferait parait-il l’affaire pour les hélices. On va lui envoyer les conditions. Si ça marchait, voici ce dont il est question entre ton père et Monsieur de La Granville : tu serais sous-directeur et ton père directeur. Nous serions logés dans l’usine et on te ferait démobiliser au plus vite. M. de La Granville prétend que cela ne lui serait pas très difficile. A ce sujet, lorsque tu viendras, tâche de savoir comment on obtient un sursis.

A ce moment-là, ton père saura certainement si l’usine fait l’affaire. J’espère que tu pourras venir la semaine prochaine vers Mercredi ou Jeudi. Papa t’expliquera de vive-voix.

Excuse-moi de t’écrire si vivement, nous devons partir à 2h rendre visite à Mme Aragon et ensuite aller chez Mme Schwab et je ne suis pas encore prête.

En attendant de tes chères nouvelles et en espérant te revoir bientôt, je te quitte mon mignon Loul Aimé en t’envoyant une foule de bien doux baisers de ta petite gosse qui t’aime follement,

Mino