Le 7 Janvier 1919

Mon tout petiot Aimé,

Je t’envoie ce petit mot de la maison où je suis venue déjeuner. Figure-toi que j’ai encore oublié mes clefs ce matin ! C’est seulement en voulant ouvrir la porte que je m’en suis aperçue ! J’ai été aussitôt téléphoner chez toi, espérant que Pierre  serait encore là et qu’avec la voiture, il pourrait me les apporter. Pierre était bien là, mais pas la voiture, ton père venait de sortir avec.

Pierre qui m’a répondu a voulu absolument me les apporter. Cela m’ennuyait de le faire venir exprès, mais il a tellement insisté que j’ai accepté. A 11h½, il était à la maison avec les clefs ! Pour une fois que j’étais en avance, je suis arrivée à 10h½ à la maison, ce n’était pas de veine !

Quelle tête de linotte je fais ! C’est effrayant comme je deviens étourdie.

Je n’ai pas encore de tes nouvelles. J’espère que tu es toujours en parfaite santé. Excuse-ce papier et reçois mon petit chéri mes plus tendres baisers.

Ta petite gosse qui t’aime à la folie,

Mino