Le 15 Novembre 1918

Mon petit chéri,

Ce matin, j’ai reçu ta lettre du 9. C’est une vieille lettre. La dernière écrite pendant la guerre. Avec tous ces évènements, elle a mis pas mal de temps à me parvenir.

Je pense qu’à présent tu dois être rentré à Martigny. Tu as dû avoir un temps superbe pour faire le voyage. Pas comme celui d’Arcy à Châlons ! Vous ne devez plus voler beaucoup maintenant. Mon petit Loul ne doit plus être obligé de se lever de bonne heure et doit pouvoir se reposer. Comme cela doit te sembler bon, mon chéri !

Dire que dans quelques mois, tu vas revenir, tout à fait. Comme je suis heureuse, mon petit Coco joli de penser que tu ne me quitteras plus jamais. Comme je vais te dorloter et t’aimer ! Comme je serai heureuse près de toi ! Comme je vais être gâtée ! Vivement vieillir de quelques mois !

Ce matin, j’ai été réveillée par le bruit de la porte qui s’ouvrait. J’ouvre les yeux toute souriante croyant voir apparaître, comme l’autre jour, mon petit Loul chéri. J’ai été déçue, c’était Nounou qui ouvrait la porte à Toto. Hier soir, il devait y avoir une souris dans la chambre. Il ne faisait que gratter au caniveau et ne voulait plus s’en aller. Ce matin, il avait hâte de revenir. Nounou l’a trouvé devant la porte en train de miauler.

Ce Monsieur Chat m’a tenu compagnie, il a même partagé mon lit. Il s’était installé sous le couvre-pied et avait l’air tout à fait ravi. Mon Loul n’est pas jaloux de ce sans-gène qui prend sa place ??? Je crois que lorsque tu seras là, nous le verrons moins souvent ! Nous nous entendons très bien. Avec moi, il fait des ronrons qui n’en finissent plus. Tu penses si je suis bien avec Nounou. C’est fou ! A midi, il était sur la table et a renversé le verre de Maman. Ça n’allait pas du tout !

Nous avons mangé à déjeuner un faisan que ton Oncle Charles a tué Dimanche à la chasse. Il était très bon, mais un peu dur. C’était la première fois que j’en mangeais. Je me suis bien régalée.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je te quitte mon tout petit Aimé en t’envoyant les plus câlins baisers de ta petite gosse qui t’attend à présent avec grande impatience,

Mino