Tristes 48h

Le 22 Novembre 1918 – 2h

Mon petit chéri Aimé,

J’espère que tu as trouvé une bonne place dans ton train et que tu as fait un assez bon voyage.

Après ton départ, je me suis endormie comme un loir, il a fallu que ce soit Nounou  qui vienne me réveiller. Elle est venue en me disant : “Il est 10 heures, dépêchez-vous de vous lever.” J’étais très étonnée d’avoir dormi tant que ça. Il n’en était rien ! Au bout d’un instant, elle m’a dit : “Il n’est que 8h½.” Ça ne fait rien, j’ai fait un bon somme. J’ai très bien déjeuner à midi, mais comme je me sens un peu fatiguée, je ne sortirai pas tantôt. Je préfère rester tranquille. J’ai prévenu Suzanne  que je n’irai pas chez Mme Schwab aujourd’hui. Je vais travailler allongée sur une chaise. Cela me fera du bien.

J’ai essayé de réparer les dégâts causés hier au soir. Je ne suis pas arrivée à grand chose. Ma robe, bien que lavée 2 fois, conserve des tâches. Je vais être obligée de la donner à la teinturière. Le tapis après un brossage à l’eau est revenu. En faisant le lit, j’ai trouvé sur le couvre-pieds ton briquet. Tu as dû le chercher partout. Faudra-t-il te l’envoyer ou le garder ? tu le trouveras à ta permission.

J’ai cherché les photos et je ne les ai pas trouvées. Les as-tu gardé ou les avons-nous laissées chez Marcel ?

Maman va mieux ce matin, elle s’est levée pour déjeuner et elle vient de s’habiller pour aller voir son docteur. Espérons qu’elle ira tout à fait mieux ces jours-ci.

Mon petit chéri, je suis navrée des tristes 48 heures que je viens de te faire passer. Pauvre petit Loul, comme tu as dû partir ennuyé. Faire un aussi long voyage et me trouver dans un état pareil, ce n’est pas drôle. Enfin, n’en parlons plus, c’est un mauvais moment à passer. A ta prochaine permission, j’espère être tout à fait bien portante.

En attendant un gentil petit mot de toi, je te quitte mon chéri Aimé en t’embrassant aussi tendrement que je t’aime.

Ta petite gosse pour la vie,

Mino

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