Le 14 Novembre 1912

Mon Adoré chéri,

J’ai reçu ce matin 3 mignonnes lettres de toi. Une du 11, celle que j’attendais avec tant d’impatience et 2 du 12. Tu penses si j’ai été heureuse ! Ma joie était indescriptible. Je riais et pleurais à la fois. Quel bonheur de penser que ce vilain cauchemar est terminé et que mon Loul est sain et sauf. Je suis folle de joie. Finis les jours de cafard et de larmes. Finies les longues journées d’inquiétude. Je peux respirer tranquille, mon chéri, en pensant à toi. Je serai toujours sage à présent.

Lundi, j’étais très heureuse en apprenant la signature de l’armistice mais il y avait un petit nuage à mon bonheur. Je me disais : “Depuis la dernière lettre de Loul, il s’est écoulé 3 jours. Qu’a-t-il fait pendant ce temps ? Est-il en bonne santé seulement ?” Je doutais un peu, aussi je n’étais guère tranquille.

Tandis qu’aujourd’hui ma joie est à son comble. Je te sais en bonne santé et ne te battant plus. Je suis ravie ! Comme il fait bon de vivre en ce moment ! Comme nous allons être heureux, dis chéri ?

Tu me dis sur tes lettres que tu es à Martigny. Tu iras sans doute occuper du côté de l’Alsace. Tu vas voir du pays ! Ça doit être joli par là ! Mais il doit y faire bien froid. Es-tu assez couvert, dis mon Loul ?

Je pense que ton voyage Coupéville-Martigny s’est bien effectué. Quel dommage que tu n’aies pu passer par Paris ! Enfin, il ne faut pas être trop exigeant en ce moment. N’est-ce pas mon tout petiot ?

Je me demande si avec les évènements actuels les permissions vont continuer à être données. Je crois qu’elles seront un peu retardées. Enfin, nous verrons.

Tu dois être privé de nouvelles en ce moment. Les lettres doivent courir après toi ! Je me demande si ton adresse n’est pas changée.

Je t’écris de la maison, où je suis venue déjeuner ! Tantôt, je vais chez Charlotte. Aussi, je vais te quitter car c’est très loin d’ici et je ne suis guère en avance.

En attendant de tes chères nouvelles qui j’espère seront moins longues à venir à présent, je t’envoie mon Aimé chéri une foule de bien doux baisers et de caresses de ta petite gosse qui est bien heureuse,

Mino