Ça sent la Victoire !

Le 10 Novembre 1918

Mon tout petiot Aimé,

J’ai enfin reçu de tes nouvelles tout à l’heure à midi. Tu ne peux t’imaginer mon chéri combien je suis contente ! Si tu savais tout le mauvais sang que je me suis fait depuis 2 jours. J’étais très inquiète ! Tes parents l’étaient beaucoup également. Pense, 5 jours sans nouvelles du tout. C’est vraiment long. Je me demandais ce que tu avais bien pu devenir. Et ce que je pensais est bien ce qui t’est arrivé. Je te voyais perdu dans le brouillard et forcé d’atterrir n’importe où, peut-être chez les boches. Aussi j’étais folle de chagrin ! Heureusement, il n’en est rien et tu as eu la chance d’atterrir dans une escadrille. On peut dire que c’est de la chance ! Ta bonne étoile t’a encore protégé.

Comme j’ai hâte à présent de recevoir une lettre de ton escadrille me disant que tu es bien rentré. J’espère que cette fois-ci, tu ne seras pas embarqué par un vilain temps ! Comme c’est peu prudent de t’avoir laissé partir l’autre jour avec du brouillard. Je ne comprends pas ça ! Et pourquoi avoir essayé une nouvelle tentative après la première sans succès. Ce n’est vraiment pas prudent. Comme tu as dû te faire du mauvais sang mon pauvre chéri et comme tu devais être fatigué après une pareille journée. Quelle somme de travail tu as dû fournir ! Tu devais être éreinté. Pourvu que tu n’aies pas attrapé froid, tu étais si peu couvert pour faire ce voyage. Tu n’avais pas ta combinaison en toile et pour peu qu’il ait plu, tu devais être trempé.

autographe avion

Je ne serai complètement tranquille que lorsque je te saurai de retour à ton escadrille. Là, j’espère que je n’aurai plus à m’inquiéter, car l’armistice sera sans doute signée et les bombardements seront terminés pour toi. Je suis, comme beaucoup de monde, très impatiente de savoir cette nouvelle, quoique ça, je considère ça comme chose faite. Guillaume ayant abdiqué, cela ne sera plus long à présent. Quel bonheur lorsque tu ne te battras plus et que je te saurai à moi pour tout la vie. Plus d’inquiétude à avoir, plus de danger à courir : Ah ! Vivement ce beau jour !

_10-11-1918L'Écho_de_Paris_

On commence déjà à pavoiser. On voit des maisons avec des drapeaux. Ça sent la Victoire. Les gens sont joyeux. Encore un jour à patienter. Et nous pourrons respirer tranquillement !

draps-drapeaux

Vivement de bonnes nouvelles de mon Loul me disant qu’il est bien rentré à son escadrille.

Et Pierre, qu’est-il devenu ? Tu ne m’en parles pas, je pense qu’il est avec toi.

En attendant impatiemment de mignonnes lettres, je termine mon chéri Aimé en t’embrassant bien tendrement.

Ta petite gosse qui te chérit de tout son coeur,

Mino

Creative Commons License