Le 8 Novembre 1918

Mon petit Loul chéri,

Je n’ai rien reçu de toi depuis ton départ. Je commence à trouver le temps long et je me demande ce que tu deviens. Es-tu encore à Arcy ou as-tu pu rejoindre ton escadrille ? Je ne le sais pas du tout, et j’attends avec grande impatience de tes nouvelles.

Hier, grande émotion ! Le bruit courait partout que l’armistice était signée avec les boches. Nous étions tous fous de joie. Moi la première ! J’étais tellement heureuse que j’en ai oublié mon sac à la maison et c’est seulement en montant dans le tramway que je m’en suis aperçu !

Enfin, ce matin il parait qu’il n’y avait rien de fait. Il faut donc encore attendre ! Malgré tout, je crois que cette nouvelle sera vraie dans quelques jours. Quel bonheur lorsque je saurai que mon Loul chéri est hors de tout danger ! Vivement cette bonne nouvelle et vivement une lettre de mon petit Coco me tranquillisant tout à fait.

En attendant ce plaisir et en espérant que tu es toujours en bonne santé, je te quitte mon chéri adoré en déposant sur tes lèvres que j’aime tant des millions de bien doux baisers,

Mino

PS : La commission pour Pierre est faite. Tu pourras lui dire qu’il ne s’inquiète pas, que j’irai chercher le tout à la date qu’on lui a indiqué.