Quel dommage que tu sois parti !

Le 5 Novembre 1918 – 14h

Mon petit Loul Aimé,

J’espère que tu as fait un bon voyage et que tu n’as pas eu trop de mal à atteindre Arcy. Le temps étant ici tout ce qu’il y a de vilain :  pluie et brouillard. Je pense que tu ne pourras rentrer à ton escadrille aujourd’hui. Quel dommage que tu sois parti ! Avec ce temps-là tu vas te trouver bloqué à Arcy ! Ce qui doit être bien ennuyeux.

Je t’écris de la maison où je suis venue comme je te l’ai dit ce matin. Mon père est navré de ne pas t’avoir vu et regrette beaucoup d’être sorti Dimanche. Il avait été, parait-il, acheter son journal. Et ce n’est qu’hier matin seulement que la concierge lui a dit. Aussi, il est furieux après elle !

Tantôt, j’ai rendez-vous avec Suzanne à la gare d’Orléans pour aller voir les Derancourt. Cette visite ne m’emballe pas beaucoup. Heureusement, Suzanne n’y va pas souvent.

Je n’ai pas pu faire la commission de Pierre ce matin. J’irai demain matin, ça sera je crois encore assez tôt.

En espérant que ma lettre te trouvera en bonne santé à ton retour à la 107, je te quitte à nouveau mon chéri aimé en t’envoyant tous mes plus doux baisers.

Ta petite gosse qui sera bien sage,

Mino

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