Une petite fille en pénitence

Le 28 Octobre 1918

Mon petit Loul Aimé,

J’ai reçu ce matin ta mignonne lettre du 25. Je suis très ennuyée de voir que tu n’es pas très emballé de notre escapade. Tu sais, petit chéri, si je savais te causer le moindre ennui, je n’irais pas. Je préfèrerais rester plus longtemps sans te voir. Si c’est du côté matériel que tu es ennuyé, tu sais petit Loul, je m’en tirerai toujours.

Je t’ai dit que j’emporterai ma nourriture pour plusieurs jours. Je n’en mourrai pas de manger froid. Au contraire, cela sera très drôle pour moi. Cela m’amusera beaucoup. J’aurai l’air d’une petite fille en pénitence. D’une sale gosse !!! Le reste du temps, je resterai couchée à me reposer. Comme cela, je n’aurai pas froid. J’espère bien que le soir, mon Loul viendra me tenir compagnie ! Tant qu’au point de vue confort, je m’en moque, pourvu que nous ayons un lit, le rester m’importe peu. Pour quelques jours, cela sera toujours bien et puis partout où tu es, tu sais que je suis toujours bien. Je serai très heureuse de partager un peu de ta vie de soldat. Tu vois, Loul chéri, le côté matériel ne me fait pas peur du tout.

J’attends donc ta lettre me disant le jour de mon départ.

Je te quitte bien vivement. Gabrielle qui s’en va me propose de me mettre ma lettre à la poste. Elle me charge de bien t’embrasser.

En espérant que tu te portes toujours bien, je te quitte mon Adoré chéri en t’embrassant très tendrement,

Ta petite sale gosse qui t’adore,

Mino

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