Un petit chien de ma chienne

Le 17 Octobre 1918

Mon tout petiot Aimé,

Ce matin, je n’ai pas eu de mignonne lettre de toi. Le service postal marche toujours très mal. Sans doute que l’avance retarde beaucoup la correspondance. Je t’écris de la maison où je suis venue déjeuner. Mon père  va mieux. Tout le monde à son bureau a eu la grippe. Il était tout seul pour s’occuper de tout. Aussi, il est assez fatigué.

bonmarché

Hier, j’ai été au Bon Marché faire les achats de Mme Fleuriel. Quelle sale corvée ! Pour faire deux achats, j’ai mis une partie de l’après-midi ! Pour la province, c’est d’un long ! Il faut aller à une caisse spéciale. J’ai le trac que ses achats ne lui conviennent pas et qu’elle me les renvoie ! Je vais la prévenir que je vais te voir, comme cela, elle se débrouillera. Je ne tiens pas à me donner du mal pour elle, elle n’en vaut vraiment pas la peine.

J’ai su ce qu’elle avait dit de moi. Aussi je lui garde un petit chien de ma chienne ! Elle me fait des amitiés par devant et par derrière, elle ne me ménage pas. Heureusement, ça ne me touche pas. Mais à l’avenir, je saurai à quoi m’en tenir.

En rentrant du B.M. je me suis occupée de trouver une enveloppe pour ma mallette. J’ai fait cinq maisons des boulevards. C’est hors de prix. Pense, mon chéri, on me demande de 22f à 30f pour une simple enveloppe. C’est exorbitant ! Je suis revenue avec ma mallette. Moi qui croyais en trouver à 10f, j’ai été très surprise. A 22f, c’est en toile. C’est à partir de 25f en drap. Je m’en passerai !

J’espère que tu es toujours en bonne santé.

En attendant impatiemment de tes nouvelles, je te quitte mon adoré chéri en t’envoyant une foule de bien doux baisers de ta petite gosse qui voudrait bien avoir 15 jours de plus,

Mino

PS : Ci-joint tu trouveras une lettre que j’ai reçu ce matin.

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