Cafareuse comme tout

Le 25 Octobre 1918

Mon petit Loul Aimé,

J’ai reçu hier soir ta mignonne lettre du 21 où je vois que tu n’as pas encore déménagé. A présent, ça doit être chose faite, car il a fait beau depuis plusieurs jours.

J’ai reçu un mot de Marcel hier soir que tu trouveras ci-joint. Il me demande ton adresse. Je lui ai envoyé un petit mot tout à l’heure. En lui disant que tu n’avais pas changé de secteur. Je lui ai dit que j’ai l’intention d’aller te voir quelques jours et que j’irai leur dire bonjour à mon retour. Il me donne sa nouvelle adresse. Ce veinard s’est offert un appartement et aux Batignolles, s’il te plait ! Ils en ont de la chance !

Aujourd’hui, je suis cafareuse comme tout ! Je ne suis pas bien et je suis très ennuyée. Hier, ça m’a pris à déjeuné et ça s’est arrêté ½ heure après. Ça a repris ce matin, mais très peu. Et je me sens très fatiguée. J’ai très mal au ventre. Je me demande ce que cela veut dire. Jamais cela m’a fait ça. C’est très ennuyeux. Enfin, j’espère que cela ne sera rien et que ça reviendra comme à l’habitude !

De plus, je n’ai pas de chance du tout. Voilà trois personnes de suite que je charge de vendre ma robe. Elles ne réussissent pas et me la rendent au bout de huit jours ! C’est navrant !

Vivement que j’aille près de toi, mon petit chéri, car je suis bien triste !

En attendant de tes nouvelles, je te quitte mon mignon Loul Aimé en t’envoyant de bien doux baisers.

Ta petite gosse qui t’adore,

Mino

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