Fou rire général

Le 20 Octobre 1918

Mon Loul Aimé,

J’ai reçu hier soir à table ta mignonne lettre du 17. L’histoire du colis qui croyait flamber m’a bien amusée. Je riais tellement que je ne pouvais pas expliquer pourquoi à tes parents. J’ai essayé mais vainement de leur lire le passage. Il a fallu que Suzanne  qui était à côté de moi vienne à mon aide. Ç’a été le fou rire général ! Il a tout de la graine de ballot celui-là !

Ça m’est parfaitement égal d’aller à Châlons au lieu de Bar ! Pourvu que je voie mon Coco joli, c’est tout ce qu’il me faut. Par exemple, je voudrais bien que vous déménagiez avant la fin du mois. Je ne tiens pas à retarder mon voyage. Ça fait déjà bien longtemps que je ne t’ai pas vu !!! Je voudrais bien que la personne qui m’écrive me demande de venir l’aider pendant au moins 1 mois. Il parait que c’est très difficile d’aller à Châlons.

Mme Delcroix que j’ai vu hier et qui y a été m’a dit qu’on lui avait fait des difficultés. Que son sauf-conduit n’était bon que pour 8 jours et comme elle avait voulu rester quelques jours de plus, ça avait fait tout une histoire. On était venu aux renseignements chez elle.

Ne sachant pas combien de jours je resterai, je préfère demander un mois. Aussitôt que je recevrai cette lettre, j’irai demander mon sauf-conduit afin de ne pas me retarder. J’ai grande hâte de la recevoir afin d’être fixée.

Il fait très vilain temps en ce moment. C’est tout à fait un temps à être près de toi. Il a plu toute la nuit sans discontinuer. Pourvu que ça ne soit pas à un autre endroit que Châlons que l’on vous envoie ! Depuis que je sais que tu vas déménager, je ne suis plus tranquille. Enfin, puisque tu me dis Châlons, je n’ai pas besoin de me tourmenter.

Tes parents m’ont priée de bien t’embrasser ainsi que Pierre. J’espère que vous êtes tous deux en bonne santé.

En attendant de tes nouvelles bien impatiemment, je te quitte mon Aimé en déposant sur tes lèvres chéries mes plus câlins baisers.

Ta petite gosse qui t’adore,

Mino

 

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