Faire-part

Le 30 Septembre 1918

Mon petit Coco chéri,

J’attendais l’heure du courrier pour t’écrire, espérant avoir une mignonne à répondre. J’ai été chocolat. Le facteur est passé et ne m’a rien apporté. Ça sera sans doute pour tantôt. Il parait que vos lettres n’arrivent jamais à la même heure ici !

J’espère que tu es toujours en bonne santé et moins fatigué. Travailles-tu beaucoup en ce moment ? Ton coucou marche-t-il à ton gré ? Ton nouveau capitaine est-il gentil ?As-tu reçu une réponse à ta demande d’adjudant ? As-tu été à Bar et as-tu trouvé l’adresse exacte de la jeune fille en question ?

→ Le Capitaine Léon Roux dirige l’escadrille de Lucien depuis le 16/09/1918

Je suis bien contente que tu aies eu des nouvelles de Blachè. Son silence commençait à être inquiétant. Il ne tardera peut-être pas à rentrer à présent. J’enverrai le faire-part à l’adresse que tu m’as donné. A ce sujet, je ne les aurai que demain Mardi. Il parait que Jeudi dernier, je suis venue trop tard. Que c’était prêt depuis le Mercredi soir. Ce n’est pas de ma faute puisqu’elle m’avait indiqué ce jour-là. J’aurais pu y aller plus tôt si j’avais su.

Samedi, j’ai porté les enveloppes à mon père afin qu’il fasse ses adresses. Et je les ai rapporté le soir. Il en a employé 50 avec mes adresses à moi. C’était bien ce que nous avions calculé. Tes parents n’ont pas encore fait les leurs.

Hier, nous avons été, ta maman, Renée et moi, nous promener sur les boulevards. Il y avait un monde fou. Suzanne, elle, a été prendre des nouvelles de Madame Schwab qui a la grippe. Elle va mieux parait-il. Elle craignait fort d’avoir une congestion à nouveau. Vendredi, elle était très rouge, aussi nous étions assez inquiets.

Hier, j’ai profité que je n’avais rien à faire pour répondre aux lettres d’Yvonne et d’Elisabeth. Maintenant, je suis à jour. Il te reste une lettre à répondre. Celle de ta tante Adèle. Je demanderai l’adresse à ta Maman tout à l’heure et je la joindrai à ma lettre.

Il y a un vilain moustique qui m’a piquée. Je suis laide. J’ai 5 piqures et des pépères. Une sur la lèvre. Ce qui me gène beaucoup, une au menton, une autre en dessous du menton et deux au bras. Il n’a pas l’air de s’être embêté ! Je me demande par où il est rentré dans la chambre ! Nounou ferme toujours les persiennes sans allumer l’électricité ! Ce matin, j’ai tout retourné et je ne l’ai pas trouvé pourvu qu’il ne me repique pas cette nuit.

Décidément, ils m’en veulent ces sales moustiques. La saison est pourtant bien avancée !

Suzanne attend son amie Jeanne Delplancq pour demain soir.

Voici midi ½, je te quitte mon tout petiot pour descendre déjeuner.

En attendant impatiemment de tes nouvelles pour tantôt et en espérant que tu es tout à fait reposé à présent, je t’envoie mon Aimé les plus douces câlineries et les plus fous baisers de ta petite gosse qui t’aime de toutes ses forces,

Mino

PS – Voici l’adresse :
Mme Adèle Sevette
2, rue Albert Maignan
Le Mans
Sarthe

lemans albert Maignan
La rue Albert Maignan est à droite du cliché

 

Creative Commons License