Un gigot pépère à Condé

[Lettre non datée, estimée au 8 Août 1918]

Condé – 2h10

Mon petit Loul chéri,

Me voici arrivée à Condé. Mon voyage jusqu’ici s’est très bien effectué. Je t’écris ce petit mot à l’hôtel où je suis en train de déjeuner. Je viens de manger 1 potage exquis et un oeuf à la coque encore meilleur que ça. Je t’écris en attendant la suite qui est un gigot pépère.

Condé

Tu excuseras ce bout de papier, je n’ai pas eu le temps d’acheter des cartes postales et j’ai oublié de me munir de papier.

Je suis arrivée ici à 2h au lieu de 1h15, aussi je me suis précipitée ici, mourante de faim. Je n’ai pas pris le temps d’acheter des cartes et comme papier, c’est tout ce que j’ai trouvé dans mon sac. Je viens de gouter au gigot. Il était délicieux. Comme je regrette que mon Loul ne soit pas là et de l’avoir quitté ! Pour ne pas avoir trop le cafard, je tourne le dos à notre petite table de l’année dernière. Elle me rappelle de trop doux souvenirs !

J’espère que tu es bien rentré hier au soir en bécane et que tu ne t’ennuie pas de trop.

Je t’écrirai plus longuement au Mesle. Reçois de ta petite gosse qui avait le coeur bien gros en quittant Paris, des millions de bien doux baisers,

Mino

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