Le 5 Juillet 1918

Mon petit Loul Aimé,

Ce matin, pas de lettre de toi. Moi qui étais si impatiente d’avoir de tes nouvelles pour savoir si tu avais écrit, j’ai été chocolat.

Enfin, j’espère que ce léger retard est dû à la poste et que mon petit Loul chéri est toujours en bonne santé. Demain, j’aurai sans doute 2 mignonnes lettres de mon petit Coco.

Hier, notre après-midi s’est bien passée aux Champs-Elysées. Il y avait un monde fou. On se serait cru en temps de paix, tant il y avait d’animation partout. Les américains se promenaient avec de petits ballons de bébé, attachés à un fil à leur poignet. Tu vois d’ici ce succès !!!

Hélas ! Moi je ne me croyais pas du tout en temps de paix et j’étais toute triste en pensant à mon petit Loul qui me manque tant, et qu’il y a si longtemps que je n’ai pas vu !!! Cela va faire 50 jours sans Loul ! Cela me parait un siècle. Comme je voudrais que l’on t’envoie chercher ton coucou !

Tu ne sais pas comment on t’a baptisé ? Eh bien, Radada. Il parait que Radada, c’est le petit frère à Roudoudou. C’est Suzanne et Loulou qui ont trouvé ça. Je n’y vois pas d’inconvénients à ce qu’on t’appelle ainsi, mais j’en vois à ce que tu sois mon frère ! Je n’y tiens pas du tout et je rouspète !!! Na !!! Tu n’es pas de mon avis, dis petit Loul ?

Roudoudou aujourd’hui est patraque et pour cause, elle attend 4 heures avec impatience ! Heureusement, ce n’est pas grave, et après une bonne nuit sans gothas, ça ira bien mieux.

En attendant encore plus impatiemment de tes nouvelles, et en espérant que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie mon gosse de gosse à moi les plus douces tendresses de ton bébé qui t’aime follement,

Mino