Comme ça, ça va, ça va !

Le 16 Juin 1918

Mon petit Loul Aimé,

J’ai reçu ce matin ta mignonne lettre du 14. Je suis très contente de savoir que la première journée de mon Loul à sa nouvelle escadrille se soit bien passée. J’espère que tu vas continuer à bien t’y plaire. Ce qui m’a fait encore plus plaisir, c’est d’apprendre que tu allais rester un bon mois tranquille. Ça c’est chic ! Je commence à moins en vouloir au bombardement. Comme ça, ça va, ça va !!! Je vais pouvoir respirer un petit moment et me faire un peu moins de mauvais sang en pensant à mon Loul. Depuis quelques temps, j’étais bien inquiète. Aussi, je suis bien bien contente de te savoir un peu tranquille.

Je te vois d’ici dans ta petite chambre, grande comme un petit mouchoir de poche. Tu dois avoir l’air de jouer à la poupée. Il ne manque plus que le bébé. Sans quoi, ça serait complet. Et le bébé voudrait bien compléter !!! Hélas ! Il ne peut pas, à son grand désespoir…!!!

Dis moi, petit Loul, es-tu toujours près du pays d’où tu m’as envoyé une carte, et où tu avais fait une croix sur un hôtel ???

Je suis toujours à Paris. Et je ne pense pas le quitter.

En attendant de tes nouvelles et en espérant que tu es toujours en bonne santé, je te quitte mon tout petit chéri en t’envoyant une foule de bien doux baisers de ta petite gosse qui pense bien à toi,

Mino

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