Vivement des nouvelles !

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Le 31 Mai 1918

Mon petit Loul Aimé,

Rien de toi encore aujourd’hui ! Cela ne me surprend pas, puisque hélas ! je te sais dans la terrible bataille. Je l’ai su voici comment.

J’ai été chez toi hier, prendre des nouvelles de ta grand’mère. Madame Sevette m’a dit avoir reçu un mot de Pierre, mis dans une gare non loin de Paris, disant que vous étiez en déménagement. Il ne dit pas à quel endroit vous allez, mais bien certainement où l’on se bat en ce moment. Moi qui espérais tant que vous seriez restés là-bas ! Comme je suis inquiète de te savoir par là. Surtout que sur le journal de ce matin, on dit que l’aviation a beaucoup donné.

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Vivement des nouvelles. Hélas ! on ne doit guère s’occuper du service postal en ce moment, et je crains fort de rester encore plusieurs jours sans lettre.

De ton côté, tu dois être privé de nouvelles, ayant changé d’endroit, le numéro de secteur ne doit pas être le même. Enfin, je continue à t’écrire à la même adresse espérant que mes lettres arriveront quand même.

Nous avons encore eu une alerte cette nuit et le canon aujourd’hui. Mais qu’est-ce que c’est que ça, à côté de ce qui se passe là-bas. Je finis par ne plus m’en apercevoir tant je suis inquiète pour toi.

Le matin, je me lève de très bonne heure, pour aller acheter les journaux et lire les nouvelles. Hélas, il ne nous disent pas grand chose. Le soir, aussitôt le journal paru, je cours l’acheter. On ne vit en ce moment que par les journaux. Vivement une bonne petite lettre me disant que mon Aimé est toujours en bonne santé.

En espérant avoir ce plaisir bientôt, je te quitte mon petit Loul chéri, en t’envoyant une corbeille de bien douces cerises de ta petite gosse qui t’aime de tout son coeur,

Mino

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