La poste est vraiment capricieuse

Le 29 Mai 1918

Mon tout petiot chéri,

Naturellement, aujourd’hui, je n’ai rien de toi. Demain, cela sera pareil et après-demain, j’aurai trois mignonnes lettres d’un coup. La poste est vraiment capricieuse.

Cette nuit, nous avons pu dormir tranquilles. Pas de gothas ! Par contre, ce matin, nous avons encore eu notre réveil-matin. A 6h30, Bertha a donné de la voix. A 6h45, nous avons eu un autre coup. Depuis, elle se taisait, mais voilà qu’à l’instant, elle nous envoie une autre dragée. Enfin trois coups depuis ce matin, ça n’est pas beaucoup.

Tantôt je vais chez ta tante Liotard. Ta tante Jeanne a fait des progrès. Lundi, elle était là. C’est vrai qu’elle était surtout venue pour prendre des nouvelles de ta grand’mère. Elle nous a raconté qu’elle avait déjeuné les persiennes fermées et l’électricité (voilà encore Bertha qui chante) allumée. Tu penses si cela nous a amusé.

J’ai vu sur les journaux qu’on avait envoyé des réserves à la nouvelle offensive. J’espère que tu es toujours au même endroit et toujours en parfaite santé.

Dans cet espoir, je te quitte mon Loul Aimé en t’envoyant les meilleures cerises de ta gosse qui t’aime bien bien fort,

Mino

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