Hannetons, vole, vole !

Le 15 Mai 1918

Mon petit Coco chéri,

A midi, mon père m’a apporté ta mignonne lettre du 13. Aussi, j’étais furieuse après la concierge. Si tu m’avais vu, j’étais dans une colère bleue. C’est vrai, il y avait de quoi. Comme je n’ai pas été au marché ce matin, étant jour sans viande, la pipelette ne m’a pas vue et ne s’est pas dérangée pour me la montrer. Et toute la matinée, je me suis fait du mauvais sang, me demandant comment cela se faisait que je n’avais pas de nouvelles. Et ta lettre était dans la loge à attendre que mon père vienne déjeuner, afin de me la monter. Si j’avais su, comme je serais descendue. Elle a de la veine que j’aie besoin d’elle, la pipelette, sans quoi je lui aurais dit deux mots. C’est malheureux de voir ça. Pas le courage de monter deux étages. Je comprends si nous demeurions au 7e. On voit qu’elle ne sait pas ce que c’est que d’attendre des nouvelles !!! Je ne suis pas contente de tout après elle, na !!!

Si vous avez eu une mauvaise journée Lundi, par contre il en fait une bien belle aujourd’hui ! Depuis ce matin, on cuit !!! Aussi, je crois bien que mon pauvre petit Loul a dû se lever de bien bonne heure ce matin. Et que les s’hannetons doivent bien l’embêter. Pauvre Coco ! Dire que lorsque j’étais gosse, j’aimais beaucoup jouer avec les hannetons, je leur attachais un fil à la patte et je m’amusais à les faire voler. C’était mon grand bonheur. Maintenant, je ne les aime plus du tout, puisqu’ils font enrager mon Loul.

hanneton

Hier, j’ai bien travaillé et bien bavardé. Aujourd’hui, je vais chez ta tante Liotard. Aussi j’ai chaud à l’avance en pensant qu’il faut que je sorte sous cette canicule !!!

En espérant que tu es en bonne santé, je te quitte mon Loul, pour aller m’habiller.

Reçois de ta gosse qui te chérit bien tendrement de bien doux baisers,

Mino

Creative Commons License