Guérin a été blessé

Le 13 Mai 1918

Mon petit Loul chéri,

Comme je t’espérais hier, j’ai reçu deux mignonnes lettres de toi ce matin. Mon pauvre Loul, tu n’as vraiment pas de chance avec ton coucou. Encore une panne et le moteur est soit disant neuf. Alors, qu’est-ce qu’il faut pour que ça marche bien ? Je me le demande ! C’est bien ennuyeux de te savoir avec un si mauvais appareil. Cela m’inquiète doublement. Enfin, j’espère qu’après cette réparation, il va gazer à merveille.

En effet, c’est un coup dur pour vous que Guérin ait été blessé. J’espère que cela n’est pas grave et qu’il pourra bientôt reprendre sa place dans votre escadrille. J’ai trouvé dans le journal d’hier un petit article sur l’attribution de la fourragère à la Spad 15. J’ai trouvé ça très bien, aussi je l’ai découpé pour te l’envoyer.

fourragère

Mon Loul s’est levé à 4h. Pauvre chéri ! Comme cela est de bonne heure ! Comme tu avais raison de faire la grasse matinée pendant ta permission pour te reposer de toutes tes fatigues ! Quand je pense que moi à cette heure-là je dors comme une bienheureuse !!! Comme j’ai de la chance à côté de toi !!!…

Il n’y avait qu’un baiser avec ma carte, car je crois que dans ma lettre il y en avait beaucoup. Malgré ça, que je t’en envoie un ou mille, c’est toujours pareil pour toi, puisque c’est sur du papier. Aussi tu dois y trouver le même compte. N’est-ce pas mon Loul ?

Aujourd’hui, je vais chez toi. Aussi je vais te quitter pour me préparer.

En espérant que le vilain rhume est guéri et que le coucou marche mieux, je t’envoie mon gosse de gosse très chéri une grosse corbeille de bien douces cerises de ton bébé qui t’aime de tout son coeur,

Mino

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