L’Opéra ferme et part en tournée

Le 4 Avril 1918

Mon petit Loul Aimé,

A ma grande joie, j’ai reçu encore ce matin une mignonne lettre de toi. Celle du 29. C’est toujours des nouvelles assez vieilles, mais ça n’empêche pas qu’elles me font autant plaisir que les autres. J’espère que maintenant, la poste va reprendre son petit courant et que tous les jours j’aurai une bonne petite lettre comme auparavant.

Aussitôt ta lettre reçue, j’ai couru au téléphone en faire part chez toi. C’est Mme Petitjean qui m’a répondu. Hier déjà, j’avais téléphoné et c’est M. Sevette qui était à l’appareil. Comme ils n’avaient pas de nouvelles, ça leur a fait grand plaisir.

Je savais en effet que tes parents avaient le diabolo, mais je ne t’en avais pas parlé, sachant bien que ce n’était pas tout à fait le moment.

L’endroit que tu m’annonces comme nouveau lieu de résidence n’a rien de fameux. Je m’en doutais que tu irais par là, aussi c’est pour ça que je m’inquiétais doublement, lorsque je n’avais pas de nouvelles. En ce moment, le déménagement doit être terminé et vous devez être installés à cet endroit ? Ton appareil doit être arrangé à présent ?

J’espère que mon tout petiot est toujours en bonne santé et pas trop fatigué. Et que mes lettres lui parviennent bien. J’ai bien peur que non et cela m’ennuierait beaucoup. Moi encore, je puis attendre, mais toi ce n’est pas pareil.

Marie-Louise est toujours auprès de moi. Elle écrit tellement peu, que j’ai été forcée de lui mettre de l’eau dans mon encre et dame, maintenant, elle a une drôle de couleur. Elle est plutôt anémique. Ce soir, elle couche chez elle, car il y a Opéra. C’est le dernier soir, après ils ferment.

tournee-opera

Ils vont organiser une tournée dans les grandes villes de province et Marie-Louise pense être du nombre. Cette tournée durera 2 mois. Aussi, elle qui est folle des voyages, elle est enchantée. Ça fait qu’elle ira rejoindre sa mère qu’après.

Cette nuit, nous craignions bien un raid de Golgothas [sic]. Le ciel était assez clair lorsque nous nous sommes couchées, mais nous avons dormi bien tranquillement.

Aujourd’hui, je ne sais pas si c’est à cause de la pluie, mais nous n’avons pas entendu dame Bertha ! Quelle sale encre ! Il n’y a pas moyen d’écrire.

04-04-1918

Je suis toujours une Mino bien sage qui attend avec grande impatience la fin de tous ces tourments. J’ose espérer que cela sera pour bientôt !!!

En espérant que ma lettre te trouvera en bonne santé et pas trop fatigué, je termine petit Loul que j’adore en t’envoyant les plus douces tendresses de ta petite,

Mino

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