Le 25 Avril 1918

Mon Loul Aimé,

J’ai reçu ce matin ta gentille lettre du 23. Enfin, on se décide tout de même à changer ton moteur, ce n’est pas trop tôt. J’espère que maintenant il marchera tout à fait bien. Je comprends que mon Loul se soit mis en colère. Il y avait de quoi.

Hier, la grosse Bertha nous a envoyé une dragée à 17h. Ce matin, une à 7h qui m’a réveillée du reste et une autre à midi 30. On voit qu’elle ne peut pas tirer comme elle voudrait.

Tantôt, je vais aller arranger la cave. Nous sommes bien trop serrés et beaucoup de personnes restent debout faute de siège. Comme nous avons de grandes planches, je vais en mettre deux sur des caisses et cela fera des sièges très confortables. Rembourrés avec des noyaux de pêches, mais ça ne fait rien ! Ça ne me plait déjà pas de descendre à la cave, mais encore moins de rester debout pendant plus d’une heure.

Avant, elle était très bien installée avec des pliants, transats, mais les personnes à qui ce matériel appartenait ont tout déménagé. Ça fait que pour tout potage, nous avons 2 caisses et un chantier. Ce n’est pas beaucoup pour 17 personnes que nous sommes.

Ce qu’il y a de plus drôle, c’est que cette cave appartient à Mme Choisy et comme elle est partie, elle m’a laissé gardienne de la clef. Donc c’est moi qui dois ouvrir la cave. Et comme je ne me presse jamais lorsqu’il y a alerte, lorsque je descends, tout le monde est aligné dans le couloir à m’attendre. Cela me fait rire chaque fois. Avant, nous avions deux caves. Une pour les messieurs qui était le fumoir, et une pour les dames qui était le salon. Mais voilà que la dame à qui appartient le salon ne veut plus qu’on la réveille. Aussi, les messieurs ont été obligés de nous donner asile. Et maintenant, ils vont fumer dans le couloir. C’est très amusant.

Mon Loul, j’ai encore vu un cheval pie. J’espère que cette fois, il ne se moque pas de nous.

En espérant que tu es en bonne santé et que tu as à présent un coucou qui marche bien. Je te quitte mon tout petiot Aimé en t’embrassant aussi tendrement que je t’aime,

Mino