Gros polisson !

Le 24 Avril 1918

Mon petit Loul chéri,

J’ai reçu ce matin ta mignonne lettre du 22. Pourquoi dis-tu mon Loul que tu plains sincèrement les censeurs car tes lettres n’ont rien de drôles. Ce n’est pas gentil de dire ça. Moi, je ne suis pas de ton avis. Je trouve tes lettres au contraire très mignonnes et très affectueuses. Je crois que tu veux me faire enrager ! N’est-ce pas que c’est ça ??? Gros polisson !!! Qui fait enrager sa gosse !!! Quand est-ce qu’il la fera encore plus enrager ??? Tu voudrais bien tout de suite , n’est-ce pas Loul chéri ?

Je suis toujours très ennuyée de voir que ton appareil ne marche décidément pas. On ne peut donc pas le réformer ? Qu’est-ce qu’il lui fait de plus pour ça ? je me le demande. Ce n’est vraiment pas sérieux.

Je suis en retard aujourd’hui, c’est effrayant. Et tout ça à cause des gothas. Cette nuit, nous avons eu une alerte, une fausse rassure-toi. Nous sommes descendus à minuit à la cave et remontés qu’à 1h½. Je n’ai pu me rendormir que très tard et ce matin à 8h, je dormais encore. Ce qui m’a bien retardé. Avec ça, tantôt, je vais chez Charlotte Bussière, tout là-bas, avenue Malesherbe, et avant il faut que je passe au Louvre où je n’ai pas eu le temps d’aller hier.

Aussi mon petit Loul, tu m’excuseras si je t’écris si peu.

En espérant que tu es toujours bien portant, je t’envoie mon petit chéri, une foule de bien douces caresses de ta gosse qui t’adore,

Mino

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