Trois petits coups

Le 17 Avril 1918

Petit Loul adoré,

J’ai reçu ce matin ta mignonne lettre du 15. Je me demande ce que Suzanne a pu te dire. Vraiment, je n’ai pas grand mérite à être sage, puisque je l’avais promis à mon Loul ! Je ne peux donc pas lui désobéir. Tant qu’aux chevaux pie, et bien moi, je ne désespère pas. J’ai dans l’idée que je vais te voir bientôt. Pourquoi ? Je n’en sais rien. C’est une idée comme ça, et quelques fois, mes idées ne sont pas mauvaises. Souhaitons que celle-là soit bonne.

Aujourd’hui, le secteur est calme. Pas de grosse Bertha. Cette nuit non plus. Hier tantôt, elle s’est fait entendre un petit peu. Trois petits coups. Malheureusement, ces trois petits coups ont tué 14 personnes et blessé 47. Cette fois-ci, ce n’était pas dans le quartier.

trois coups

C’est une bonne idée. On devrait nous donner 10 jours de permission pour aller sur le front. Je me ferais inscrire une des premières. Ce n’est pas que j’aie peur de Bertha et des Golgothas, mais ça me ferait une occasion d’être près de mon Loul. Bien qu’où tu es, le canon doit taper et les gothas ne pas manquer, il me semble que j’aurais encore moins peur. Malheureusement, je crois que le tigre ne serait pas de notre avis. C’est fâcheux !

Je vais chez ta tante Liotard tantôt. Aussi, je te quitte bien vite pour aller m’habiller.

En espérant que tu es toujours en bonne santé ainsi que Pierre à qui tu présenteras mes amitiés. Je t’envoie mon Loul que j’adore les plus gentils baisers de ta gosse qui pense bien à toi,

Mino

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