Sacré pétasson de malheur !

Le 14 Avril 1918

Mon Loul Aimé,

Aujourd’hui, je n’ai rien reçu de toi, pourvu que tu reçoives de mes nouvelles ?? J’espère que demain matin, j’aurai une mignonne lettre me disant que tu es plus favorisé. Comme il fait très vilain temps, je pense que tu ne dois pas voler et que tu es toujours en bonne santé.

Cette nuit, j’ai été réveillée par la grosse Bertha et je ne faisais que répéter : “Sacré pétasson de malheur !” Heureusement, je n’ai entendu que les 2 derniers coups, et je me suis rendormie. Je suis restée éveillée qu’une demie-heure à peu près. Mon père m’a dit qu’elle avait tiré depuis 11h. Moi, je ne l’ai entendu qu’à 11hm¼. J’aime autant ça ! Les deux derniers coups étaient tellement forts, qu’ils m’ont forcément réveillée. Maintenant, avant de me coucher, je prendrai la précaution de me mettre du coton dans les oreilles. Comme cela, Bertha en sera pour ses frais et je ne me réveillerai pas. Mon père s’était levé et m’avait appelé, mais je n’ai rien entendu. Il n’y a qu’aux derniers coups, que je l’ai entendu.

Je me demande comment Marie-Louise a dû passer la nuit. Dans son sixième et toute seule, elle a dû avoir un peu peur. Je l’attends pour déjeuner. Elle va nous raconter ses impressions. Pourvu que cela ne la fasse pas filer plus vite.

Sur ce, je te quitte mon Loul, car voici midi.

En espérant avoir une bonne lettre demain, me disant que tu as enfin de mes nouvelles, je t’envoie mon Loul que j’aime, mes plus tendres baisers. Ta gosse qui ne pense qu’à toi,

Mino

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