Le 2 Avril 1918

Mon tout petiot chéri,

Encore rien aujourd’hui. Je commence à trouver le temps long. Enfin, je me console en pensant que je ne suis pas la seule. En ce moment, personne ne reçoit des correspondances militaires.

Marie-Louise, qui est auprès de moi en ce moment, et qui écrit aussi, est sans nouvelles comme moi.

Enfin, je ne me décourage pas et je reste bien sage. Cette nuit, nous avons eu une alerte de gothas à 3h du matin.Ça fait que Marie-Louise a visité la cave. Nous y sommes restées 1h½. Il parait qu’il y a eu des bombes de lancées.

Ce matin, la grosse Bertha nous a encore remis ça. On commence à ne plus y faire attention. Je suis contente d’avoir Marie-Louise avec moi. Il me semble que je m’ennuie moins.

Malheureusement, je n’aurai pas longtemps sa gentille compagnie. Elle pense rejoindre sa mère à la fin de la semaine. Elle voudrait bien m’emmener, mais moi, ça m’ennuie de quitter Paris, si jamais tu venais, je serais encore chocolat. Si je voulais, mon père me laisserait bien partir. Il ne demande que ça !

Enfin, attendons les évènements. Pour le moment, c’est surtout des nouvelles que j’attends et avec quelle impatience !!!

Nous devons sortir tantôt et comme je ne suis pas encore habillée, je vais te quitter.

En attendant impatiemment de tes nouvelles, et en espérant que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie mon Loul tant Aimé de bien câlins baisers de ta gosse qui ne pense qu’à toi,

Mino