C’est le calme plat

Le 27 Mars 1918

Petit Loul Aimé,

Contrairement à ce que je pensais hier en t’écrivant, j’ai reçu le soir ta mignonne lettre du 24. Tu te trompes, mon petit Loul. Ta lettre d’hier ne m’a pas donné le cafard du tout. Elle m’a simplement rappelé que dans les moments graves, il n’était pas de mon devoir de faire l’enfant et de me décourager. Au contraire, c’est à moi à te remonter en t’envoyant de gentilles lettres…

Voici Loulou qui vient de venir me surprendre. Elle vient me chercher pour aller travailler chez elle. C’est gentil ! Nous devions aller chez ta tante Petitjean et il y a contre-ordre. Alors nous allons tous travailler en coeur [sic] chez Mme Schwab.

Ici le secteur est très calme. La Grosse Bertha se tait depuis 2 jours. Pas de gothas non plus. C’est le calme plat.

Malheureusement, il n’en est pas de même pour toi qui te trouve en pleine bataille. Je vois que tu as beaucoup travaillé et fait du beau travail, puisque les boches ont été descendus dans votre patrouille. Je tremble en pensant aux dangers que tu as dû courir et qu’il te reste encore à courir. Enfin, je reste calme et confante, et j’espère bien que bientôt nous aurons la fin de tout ces cauchemars.

Je te quitte pour ne pas faire attendre Loulou plus longtemps.

En espérant que ta santé est toujours bonne, je te quitte mon petit en t’envoyant une foule de baisers bien câlins de ta petite gosse qui t’aime de tout son coeur,

Mino

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