La Grosse Bertha

Le 26 Mars 1918

Mon petit Loul chéri,

Aujourd’hui, je n’ai rien reçu de toi. Ça ne me surprend pas. Je m’attends même à rester plusieurs jours sans nouvelles. Surtout si tu es engagé dans cette horrible bataille !

Malgré ça, je resterai très calme et j’attendrai avec confiance une mignonne lettre. D’ailleurs, je suis et je resterai une Mino raisonnable. Alors, mon petit Loul peut être tranquille. Ce n’est plus à un bébé que tu as à faire, mais à une grande personne qui sait garder tout son sang-froid dans les moments graves.

Aujourd’hui, nous n’avons pas entendu la Grosse Bertha ! C’est du canon monstre que je parle ! Hier, pas de gothas non plus ! Ils nous laissent tranquilles ! Ils se sont peut-être aperçus que cela ne nous effrayait pas.

Ça fait que nous en avons profité pour rattraper nos heures de sommeil.

J’ai téléphoné à Suzanne hier, pour avoir des nouvelles de chez toi. Tout le monde va bien.

Mon rhume est complètement guéri. J’espère que le tien aussi.

Dans cet espoir et dans l’impatience de te lire bientôt, je te quitte mon Aimé en t’envoyant les plus douces tendresses de ta gosse qui pense à chaque minute à toi,

Mino

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