Je suis trop cafareuse

Le 20 Mars 1918

Mon petit Loul Aimé,

J’ai reçu hier tantôt ta mignonne lettre du 17. Rassure-toi, petit Loul, je suis remise de mes émotions. Je ne sais si ça vient de là, mais je suis très énervée en ce moment, et je traverse depuis hier soir une crise de cafard pépère. Je n’ai pas été sage hier soir, et ce matin de même. Je m’ennuie beaucoup et je ne puis te le cacher.

Cela vient un peu de l’état de mon père. Il est très surexcité en ce moment et dame, j’en ressens le contrecoup. Quand est-ce donc que tout ça finira et que je pourrai vivre heureuse auprès de mon Loul !!! Je sais que tu vas me gronder bien fort de ne pas avoir tenu ma promesse, mais petit Loul, il ne faut pas m’en vouloir, ce n’est pas de ma faute si je ne suis pas sage. Je m’ennuie tellement loin de toi !

D’ailleurs, je sais bien que tu ne me gronderas pas fort, tu m’enverras quelques grosses claques comme pénitence et c’est tout. Tu as bien raison de dire mon Loul, que je suis une sale gosse !

Tantôt, il faut que j’aille chez ta tante. Demain, à une matinée, où Renée Pionnier donnera son concours. Cela tombe mal, avec mon cafard, j’aimerais mieux rester dans un coin, à la maison.

Comme je voudrais avoir 1 mois de plus, pour être près de mon petit Loul ! Est-ce que tu comptes toujours venir pour le 14 Avril. Dis, petit ?

Je te quitte car je suis trop cafareuse (sic).

En espérant que tu es en bonne santé, je t’envoie mon tout petiot que j’aime tant, les bien tristes baisers de ta sale gosse,

Mino

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