Vois d’ici la distraction !

Tache d'huile de noisette
Tache d’huile de noisette

Le 18 Mars 1918

Mon petiot chéri,

Ce matin je n’ai rien reçu de toi, cela sera sans doute pour ce soir. J’espère que ton gros rhume va mieux et que ton appareil est arrangé. Qu’est-ce qu’il avait ?

Pour la philippine, cela ne comptera pas puisque tu ne l’as pas reçue. Je m’en doutais un peu qu’elle serait réduite en bouillie. Elle était trop grosse pour mettre dans une lettre. Je t’en envoie une autre, mais de noisette. J’espère qu’elle aura plus de chance que l’amande.

philippine noisette

Hier, Marie-Louise m’a emmené voir jouer Un soir au front. On voit qu’Espierre était là, elle m’a payé ma place. C’était beau, mais trop triste. J’ai pleuré comme une petite madeleine, vois d’ici la distraction !!!

un soir au front

Pour un soir au front, c’en est un ! Le canon tonne tout le temps, si bien qu’au premier coup, les gens étaient déjà affolés en pensant que c’était une bombe. Il n’y a que ça qui m’a fait rire.

Marie-Louise a bien pleuré aussi. En sortant, elle ne faisait que répéter : “Ce que c’était beau” et elle était enchantée. Je comprends que cela ne lui ait pas donné le cafard, elle revoyait Espierre le soir !

J’ai reçu une lettre de Madame Fleuriel, qui me demande de mes nouvelles et si je vais quitter Paris. Elle me dit : “A bientôt”. Cette pauvre femme me voit déjà chez elle ! Je lui ai répondu hier soir, en lui disant que pour l’instant, nous restions à Paris.

Tantôt, je vais chez toi.

En attendant une mignonne lettre pour mon retour, et en espérant que tu es en meilleure santé, je te quitte mon Loul Aimé en t’envoyant les plus douces tendresses de ta gosse qui t’aime de toutes ses forces,

Mino

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