Je suis raplapla

Le 14 Mars 1918

Mon tout petiot Aimé,

J’ai reçu tout à l’heure ta mignonne lettre du 12. Je suis heureuse d’apprendre que tu es bien rentré à ton escadrille. J’avais tant peur, avec cette soit-disant alerte que tu rencontres les vilains boches pendant ton retour ! Je regrette beaucoup, mais je ne t’ai pas vu lundi, ni à 11h, ni a 2h. Si j’avais su, j’aurais regardé en l’air. Moi qui reste des heures entières à regarder un coucou en l’air, j’aurais bien voulu voir mon Loul !

Quel malheur que le lieutenant ne t’ait pas laissé venir ! Enfin, je me console en pensant que je te verrai le mois prochain puisque tu me l’as promis. a moins qu’on supprime les permissions.

Pour le petit néléphant, il ne faut pas te désoler, j’irai voir si la marchande en a un autre. Aujourd’hui, je suis raplapla. Je voudrais bien qu‘il soit 4h. Avec ça, il faut que je sorte. Je vais au Gaumont avec Mme Schwab et Loulou. Ça ne me dit rien. J’ai rendez-vous à 1h½. Aussi il faut que je me dépêche et cela ne me va pas lorsque je suis patraque. Enfin, j’espère que les sales boches nous laisserons encore tranquille ce soir et que je pourrai bien dormir.

Figure-toi que l’avant dernière nuit, mon père a dormi tout habillé sans s’en apercevoir. Tu penses si j’ai ri lorsqu’il m’a raconté ça.

Je suis sage et c’est bien vrai. Es-tu content, dis petit Loul ?

En espérant que tu n’as plus bobo du tout à ton bras, je te quitte mon Aimé en t’envoyant les plus douces câlineries de ta gosse qui t’aime follement,

Mino

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