Lorsqu’il fait vilain, je te sais moins au danger

Le 6 Mars 1918

Tout petiot chéri,

J’ai reçu tout à l’heure avant le déjeuner ta mignonne lettre du 4. Je vois, mon pauvre Loul chéri, que tu es toujours très inquiet. Enfin, si cela ne te démange plus, c’est déjà un grand progrès. Tu vas voir, tes boutons vont peut-être disparaître pareillement. Je le souhaite de tout mon coeur de sale gosse, car cela m’ennuie beaucoup de savoir mon Loul ainsi tourmenté. Et j’espère que bientôt je recevrai une bonne petite lettre me disant que tu n’y penses plus du tout.

Voici le beau temps revenu. Il fait un soleil splendide, aussi je pense que mon tout petiot va moins s’ennuyer. Pour moi, j’aime autant lorsqu’il fait vilain ! Je te sais moins au danger, et je suis beaucoup plus tranquille.

Tout à l’heure, il y avait un Spad en l’air, juste au dessus de l’avenue. Je suis restée, comme de bien entendu, un long moment à le regarder.

avion

Si seulement, ç’avait été mon Loul, qui vienne en mission !!! enfin, espérons qu’il y en aura une bientôt. Dis, petit ?

A part ça, rien de neuf à te dire.

En espérant qu’au reçu de cette lettre, tu ne seras plus ennuyé, je te quitte mon Loul Aimé, en t’envoyant les plus douces cerises de ton bébé qui t’adore,

Mino

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