38 jours sans nous voir

Le 8 Mars 1918

Petit Loul chéri,

J’ai reçu ce matin ta mignonne lettre du 6. A ce que je vois, cela ne va pas plus mal. Si cela ne te démange plus, ça va vite se passer. Pour moi, c’est moi qui devrait avoir raison et ton idée était certainement mauvaise. Enfin, il vaut mieux qu’il en soit ainsi. Malgré tout, le toubib devrait te donner quand même 10 jours pour te remettre de tes émotions. Cela me plairait bien, car il y a bien longtemps que je n’ai pas vu mon Loul. C’est la 1ère fois depuis que tu es dans l’aviation que nous sommes restés si longtemps sans nous voir. Tu ne trouves pas, dis mon Loul ? cela fait 38 jours que tu es reparti. Dieu que c’est long !

J’ai beau voir des chevaux pie, cela n’y fait rien du tout. Mardi, j’en ai vu un, Mercredi aussi et ce matin encore un. Tu ne crois pas, petit chéri que cela est décourageant !!! Aussi, nous sommes bien brouillés ensemble ! Na ! J’ai dit Na, alors je n’ai plus rien à ajouter sur leur compte.

Hier, j’ai été chez Madame Pionnier. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai joliment l’air de lui plaire ! Il n’y en avait que pour moi. J’ai appris que Pierre avait eu un accident d’auto. Un taxi où il se trouvait avec des camarades a tamponné un camion. Il a eu quelques écorchures au nez et c’est tout. Tant qu’à un de ses camarades, il a reçu des éclats de vitre dans la figure et a été assez amoché. Pauvre Pierre, c’est vexant de venir en perm pour se faire abîmer.

accident

Tantôt, je vais chez Mme Schwab. A part ça, rien de nouveau ici.

En espérant que mon Loul est tout à fait bien portant à présent, je termine ce mot en lui envoyant mes bien doux baisers. Ta gosse qui t’adore,

Mino

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