Le 23 Février 1918

Mon petit Loul chéri,

Hier, je n’ai rien reçu de toi. Ce matin non plus. Je ne m’en étonne pas de trop, puisque tu m’as prévenu dernièrement que tu allais déménager. Je serai sans doute quitte à recevoir plusieurs mignonnes lettres ensemble.

Hier, j’ai été chez Loulou. Madame Sevette venait de recevoir des nouvelles de Pierre. Il lui disait qu’il pensait aller du côté de ton oncle Charles. Tu as déjà été par là avec la 4. Aussi, le secteur ne sera pas inconnu pour toi. Maintenant, son tuyau n’est peut-être pas très sûre. De toutes façons, je crois que tous les secteurs se valent. Ça ne vaut pas Paname. Dis, mon gosse ? Ni les taquineries de son gros bébé ? Hein petit ???…

Ce matin, j’ai eu une mauvaise surprise. Je me suis pesée et j’ai maigri de 6 livres depuis cet été. Je pèse moins que lorsque je suis partie au Mesle. Et pourtant, je ne me portais pas bien à ce moment-là ! Depuis quelques temps, toutes les personnes qui me connaissent trouvaient que je maigrissais, par curiosité, je me suis pesée ce matin chez le pharmacien. Et j’ai été en effet obligée de constater que c’était vrai. Enfin, le principal est que je me porte bien.

Je suis très en colère après les chevaux pie. Ils se moquent de moi et ne m’annoncent plus de bonnes nouvelles comme auparavant. Je suis fâchée après eux, na !!! Lorsque j’en verrai d’autres, je ne me taperai plus sur la fesse, comme cela, ça les fera rager !

J’espère que ce déménagement s’est bien passé et qu’il n’a pas trop fatigué mon Loul.

Dans cet espoir, je termine mon petiot Aimé en t’embrassant aussi tendrement que je t’aime,

Mino