Le 12 Février 1918

Mon tout petiot chéri,

J’ai reçu hier soir ta mignonne lettre du 9 contenant celle que je dois remettre à Marie-Louise. en effet, je crois qu’elle va croire que c’est une blague que tu lui fais. Malgré tout, je suis sûre qu’elle se chargera de la commission. Peut-être même se chargera-t-elle aussi d’un filleul. Je la vois justement tantôt.

Hier soir, j’ai reçu un pneu d’elle, chargé de deux places pour la matinée d’aujourd’hui à l’Opéra. Ça, en l’honneur du Mardi-Gras, car habituellement, ils ne jouent jamais en matinée. J’ai offert l’autre place à la couturière qui est enchantée de m’accompagner pour connaître l’Opéra qu’elle n’a jamais vu.

On joue Hamlet. Ça ne doit pas être très gai, mais la musique doit être très belle. C’est chanté par Battistini, le célèbre ténor italien. Je la verrai en sortant et lui remettrai ta lettre.

→ Ecouter Battistini dans Hamlet : O vin discaccia la tristezza

Il faut que je sois à l’Opéra à 1h30. Tu vois d’ici s’il faut que je me dépêche, moi qui suis toujours très exacte…..!!! Il est actuellement midi moins 10. Aussi, je te quitte bien vite car je ne suis pas encore habillée.

En espérant que le match s’est bien passé et que tu es toujours en bonne santé. Je t’envoie mon Loul Aimé de bien câlins baisers de ton bébé qui t’adore,

Mino