Un clair de lune pépère

Le 26 Février 1918

Mon petit chéri,

J’ai reçu hier soir ta mignonne lettre du 23. Mon pauvre Loul, si j’avais su que la scène de l’autre jour te retourne à ce point là, je ne te l’aurais pas dit. Je savais fort bien que tu allais être très mécontent, mais de là à te donner le cafard, je n’y pensais pas du tout. Qu’est-ce que tu veux, mon pauvre Loul, il faut en prendre son parti. Il y aura malheureusement toujours de sales gens sur terre. Aussi, maintenant, lorsque je vois une bande de conscrits de loin sur le même trottoir que moi, j’ai vite fait de traverser.

En effet, si les trois Loul que j’ai là pouvaient remplacer le vrai Loul qui est loin de moi, j’aurais vite fait de les expédier à la 15. Même au besoin, je pourrais donner tous ceux que je possède. A eux trois, ils pourraient former une escadrille, car j’en ai plus d’une douzaine. Malheureusement, comme tu dis, ton chef d’escadrille ne marcherait certainement pas à l’échange !!! C’est dommage !!! Pour l’instant, il faut donc que je me contente de tous mes Louls en papier. Ils sont bien gentils, les mignons, mais j’aimerais bien mieux avoir le Loul de vrai !!!

lucienS

Aujourd’hui, il fait un temps superbe, aussi je pense que vous allez pouvoir en profiter pour déménager.

Hier soir, il faisait un clair de lune pépère. Toute ma chambre était éclairée, aussi on s’attendait à une alerte pour la nuit. Ce qui ne m’a pas empêché de me coucher à l’heure habituelle et il n’y a rien eu du tout.

J’espère que tu es toujours en bonne santé et que tu n’as plus bobo du tout à ton pauvre doigt.

Dans cet espoir, je te quitte mon Loul adoré en déposant sur tes lèvres que j’adore mes plus tendres baisers,

Mino

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