Pauvre doigt !

Le 24 Février 1918

Mon petit chéri,

Hier soir, j’ai été plus heureuse qu’avant-hier. J’ai eu deux mignonnes lettres, celles du 20 et 21. La première est arrivée en retard, pour la raison qu’elle a été contrôlée et a dû être gardée 24 heures. Elle n’a pas été censurée, pourtant tu me disais que tu pensais aller du côté de Château-Thierry. Il est vrai que ça n’a pas beaucoup d’importance militaire.

Dans la seconde lettre, celle du 21, j’ai été désolée d’apprendre que mon Loul chéri s’était fait du bobo. Pauvre petit mignon, j’espère que cela ne te fait pas trop souffrir ! Si ton ongle tombe, ça n’a pas d’importance. Le principal est que ça se guérisse vite. Si tu m’avais vue lorsque je lisais ta lettre, je me mordais les lèvres comme si ce mal m’était arrivé à moi. Décidément, mon pauvre Lou, tu n’as pas de chance.

Déjà la dernière fois que tu es venu en mission, tu t’étais fait du mal à la main. J’espère que ça ne sera rien. Pour le guérir, ce pauvre doigt à moi, je lui envoie de bien doux baisers. Surtout n’oublie pas de me donner de ses nouvelles.

Qu’est-ce que ça veut dire Escadre de Combat ? Est-ce pour la prochaine offensive ? Et est-ce qu’il y a des petites missions dans ce truc-là ? J’ai bien peur que non. Pourtant Château-Thierry n’est pas loin de Paris !!!

Aujourd’hui, je me demande si Marie-Louise va me faire le même coup que Dimanche dernier. Je n’ai toujours pas de ses nouvelles. Si je ne la vois pas venir à 2h, je sortirai un peu avec Germaine.

Sur ce, je te quitte pour mettre la table.

En espérant que tu n’as plus bobo à ton doigt, je t’envoie mon Loul Aimé de bien tendres baisers de ta gosse qui t’adore,

Mino

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