Lettre de Suzanne Valle – On ne sait qu’espérer

Tours, le 30 Décembre 1917

Chère Mademoiselle Germaine,

Vous pourriez vraiment être tentée de qualifier mon long silence d’indifférence à votre égard, il n’en est certes rien, bien au contraire, mais actuellement mon travail de classe me laisse relativement peu d’instants à consacrer à la correspondance, je compte sur votre bienveillante indulgence pour me le pardonner.

Je ne voudrais pas cependant laisser passer ce premier Janvier sans vous présenter les nombreux vœux et souhaits que je forme à votre intention, et qui tous sont vœux de bonheur et souhaits de santé, afin que vous soyez le plus heureux possible au cours de cette nouvelle année.

Point n’est besoin de vous dire que mon vœu le plus ardent est celui d’une victoire prochaine, afin que vous puissiez jouir d’une heureuse union avec Monsieur votre fiancé. Mais hélas, on ne sait actuellement qu’espérer, tant la situation paraît grave ! Qui eut pensé qu’ainsi les Russes nous abandonneraient après trois ans et demi de guerre ! Heureusement encore que les américains viennent à notre secours, car sans eux, je crois que nous aurions succombé avant de vaincre.

Quelle que soit l’issue de la lutte, il est certain que notre France s’est toujours montrée la plus courageuse et la plus digne de toutes les nations. Puisse Dieu écouter l’unanimité de nos vœux et lui accorder sa récompense en 1918 !

Je vous espère toujours en bonne santé ainsi que Monsieur votre père et Monsieur votre fiancé. Maman se joint à moi pour vous envoyer ses meilleurs amitiés.

Un affectueux baisers de votre petite amie,

Suzanne Valle

 

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