Adieu la correspondance, la tapette commence

Le 16 Décembre 1917

Tout petiot chéri,

J’ai reçu hier soir ta mignonne lettre du 13, où je vois que l’essayage de l’appareil et de la mitrailleuse s’est bien passé. T’es-tu déjà servi du bonnet de fourrure ? Et est-ce pratique ? J’espère qu’il te tient bien chaud.

manteau

Je reprends ma lettre commencée avant déjeuner. Comme je t’écrivais, un énorme coup de sonnette est venu me surprendre. J’étais seule, mon père était parti à la recherche de cigarettes. Aussi, je bondis à la porte, croyant avoir une bonne surprise.

Gustave, la cigarette à la main
Gustave, la cigarette à la main

Hélas ! Cent fois hélas !!! C’était Germaine qui venait voir si je n’étais pas morte. La pauvre fille, il y a un mois que je n’avais pas été la voir, aussi elle s’inquiétait sur ma santé. Elle pensait un peu que c’était parce que tu avais dû venir en permission tous ces Dimanches derniers. Elle m’a même dit t’avoir rencontré il y a quinze jours dans l’avenue, et elle t’a reconnu. Je me demande comment ? Elle ne t’a jamais vu. D’après les détails qu’elle m’a donné, c’est pourtant bien toi.

Je lui ai promis d’aller la voir bientôt. Je lui ai même proposé de sortir tantôt avec nous. Mais lorsqu’elle a su que je sortais avec Marie-Louise, elle n’a pas voulu, toujours de peur de déranger ! Quelle petite sauvage. Marie-Louise ne l’aurait pas mangé, surtout qu’elle la connait.

Voici Marie-Louise qui s’amène, aussi adieu la correspondance, la tapette commence.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie mon tout petiot chéri une grosse branche de cerises de ta gosse qui t’adore,

Mino

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