Mme Delcroix est sauvée

Le 9 Décembre 1917

Petit Loul chéri,

J’ai reçu ce matin ta mignonne lettre du 8 où tu me dis que tu retournes chercher un appareil dans l’ancien secteur. Je regrette infiniment que tu ne puisses passer par Paris. Il est vrai qu’il fait bien mauvais temps, et que tu seras certainement immobilisé là-bas. Aussi, tu en profiteras peut-être pour pousser une pointe vers Paris. Ce dont je souhaite beaucoup.

Aujourd’hui Dimanche, j’attends Marie-Louise. Elle doit venir après déjeuner et nous devons sortir ensuite. Je n’oublierai pas de lui communiquer le renseignement que tu m’as donné.

Hier tantôt, j’ai bien travaillé. Ma patronne est assez contente de moi.

Madame Delcroix est sauvée. Elle souffre atrocement, mais le docteur qui est venu la revoir hier soir a déclaré que tout danger était écarté. Elle aura mal encore pendant 4 jours, car elle a tout l’intérieur brûlé, mais après ça ira tout à fait bien. Le médicament qu’elle a bu était à base d’arsenic et dame, elle en a pris une grande quantité.

Hier tantôt, ça allait très mal, sa soeur était affolée. Elle m’avait envoyée à la poste pour porter un télégramme pour son mari. Lui disant de venir immédiatement. On n’a pas voulu me l’accepter. Il paraît qu’une lettre va aussi vite. Il n’y a qu’en cas de décès qu’on les accepte.

Enfin, ça s’est calmé sur le soir et ce matin, ça va un peu mieux. Quel malheur tout de même ! Quand son mari va savoir ça !!! Il ne sera pas content.

Sur ce, petit Loul, je te quitte pour préparer ma popotte. En espérant que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie mon tout petit Poupon chéri, de bien grosses cerises de ton bébé qui t’adore,

Germaine

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