Poing, névralgies et érysipèle

Le 25 Novembre 1917

Petit Loul Aimé,

Voici l’heure du train passée. Je conclue donc bien tristement que je ne te verrai pas aujourd’hui. Je suis un peu déçue, puisque j’avais vu des chevaux pie. Enfin, cela annoncera peut-être une petite mission pour le courant de la semaine.

J’ai reçu hier soir ta mignonne lettre du 21 qui est antérieure à Jeudi. J’espère avoir des nouvelles plus récentes demain matin.

Hier, je suis arrivée à 4 heures à la maison de santé. Je n’étais pas très en avance pour 1h½, heure à laquelle commencent les visites. Il était préférable que j’arrive tard, car Madame Schwab n’était pas bien du tout. Elle souffre maintenant d’un poing et de névralgies. Aussi, il ne fallait pas lui causer du tout. Cette pauvre dame n’a vraiment pas de chance, il lui arrive complications sur complications.

Hier, je l’ai trouvé très changée. J’ai été très frappée en entrant, elle a vieilli au moins de 10 ans en l’espace de quelques jours. Tout le monde chez toi en a fait la remarque. C’est bien triste de la voir souffrir et de ne pouvoir rien y faire.

Tantôt, je ne sais pas ce que je dois faire. Aller voir Marie-Louise ? Je crains de ne pas la trouver. Aller chez Germaine ? C’est impossible. Sa mère a un érysipèle et on l’empêche de l’approcher à cause de la contagion.

érysipele

Je crois que j’irai tout simplement chez Mme Delcroix qui reste seule chez elle. Sa soeur et son beau-frère vont se promener.

En espérant avoir de tes nouvelles demain matin, et que tu es toujours en bonne santé, je termine, petit Loul, en t’envoyant une foule de grosses cerises de ta grande gosse qui ne pense qu’à toi,

Mino

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