Fiançailles d’Yvonne

Le 17 Novembre 1917

Petit poupon chéri,

J’ai reçu hier soir ta mignonne lettre du 14. C’est très ennuyeux que mes lettres ne te parviennent pas. Je comprends que de rester 3 jours sans nouvelles, cela n’est rien de drôle. Il est vrai que les dernières n’avaient rien de fort gai, aussi il est peut-être préférable que tu les reçoives toutes en même temps. La dernière de date sera peut-être moins cafareuse [sic].

Aujourd’hui Samedi, je me demande si j’aurai le plaisir de te voir demain. Je l’espère un peu, car j’ai vu un cheval pie  Jeudi avec Marie-Louise et un autre hier en revenant de voir Mme Schwab. Comme ils m’annoncent toujours ta venue, il y aura peut-être des chances pour que tu puisses faire une petite apparition demain matin. De toutes façons, je serai prête de très bonne heure. J’espère ne pas être pour mes frais comme Dimanche dernier.

Je vois en effet que mon petit poupon chéri se couche à une heure très raisonnable, mais par compte [sic] il se lève bien tôt, aussi il n’y a rien à dire. Le bébé lui se couche à 8h et se lève à 7h½. C’est encore bien pis !!!

Pour un poupon, l’apéritif en question est tout trouvé. On ne peut lui servir rien d’autre de meilleur, à part une branche de grosses cerises, naturellement !

Yvonne en novembre 1917

Ce matin, j’ai reçu une photo d’Yvonne. Elle n’est pas mal du tout, mais cette paresseuse aurait bien pu me joindre un petit bout de lettre.

dos yvonne

Suzanne m’a donné de ses nouvelles hier. Elle va toujours très bien. M. Leprince est venu en permission de 4 jours et d’après ce qu’elle m’a dit, il est agréé fiancé. Elle viendra cet hiver à Paris et le présentera à tes parents.

leprince gaston

Madame Schwab va plutôt mieux, mais il faut qu’elle garde l’immobilité complète pendant encore une vingtaine de jours, aussi cela ne la fait pas sourire. Elle dit : “Vous verrez que je serai encore ici au jour de l’An.” On la dissuade du contraire, mais il n’y aurait rien de drôle qu’à cette date elle soit encore en convalescence.

Là-dessus, petit Loul Aimé, je te quitte en souhaitant te voir demain.

Dans cet espoir et en espérant que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie, mon petit chéri, les plus doux baisers de ta gosse qui t’adore,

Mino

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