Pas follement amusée

Le 9 Novembre 1917

Petit Loul Aimé,

J’ai reçu hier soir ta gentille lettre du 6. Pauvre tout petit, je vois que ça ne va pas du tout. Il faut espérer qu’une fois revenu de Verrines, tu pourras plus facilement venir cueillir quelques cerises. Ta sale gosse l’espère bien, car c’est rageant de te savoir si près et de ne pas pouvoir te voir.

Hier, bien que je sois sortie, je n’ai pas vu un pauvre petit cheval pie. J’espère que tantôt, j’aurai plus de chance. Il est vrai que je reste presque tout le temps dans le métro. Je vais prendre des nouvelles de Madame Schwab à sa maison de santé.

Hier, comme je te le disais, j’ai été avec Madame et Monsieur Delcroix ainsi que Madame Dumortier en matinée. Nous avons été à la Scala.

scala

Ce n’était pas mal, mais je ne me suis pas follement amusée, puisque tu n’étais pas avec moi. Aujourd’hui, ils m’ont demandé d’aller avec eux aux Invalides, mais comme je vais voir Madame Schwab, je me suis excusée.

Marie-Louise est venue hier tantôt et ne m’a pas trouvé. Elle vient toujours sans prévenir, aussi elle a été quitte à s’en aller. Elle reviendra Jeudi prochain.

A part ça, rien de neuf.

En espérant que tu fais quelque chose en ce moment et que tu es toujours en bonne santé. Je t’envoie mon Aimé une foule de doux baisers de ta gosse qui t’aime à la folie,

Mino

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