Mouillées comme des barbets

10-10-17

Le 10 Octobre 1917

Mon tout petiot,

Aujourd’hui, c’est le marché, aussi je t’écris chez Mme Fleuriel. C’est plus prudent, car après, je ne sais pas ce que l’on va faire. On va certainement s’occuper à ranger les affaires pour expédier la malle et j’ai peur de ne plus avoir de temps à moi.

Monsieur Sevette disait hier qu’il resterait bien encore 8 jours ici, que cela lui faisait mal au coeur de partir. Il fait si vilain que ce n’est plus drôle du tout. Hier il a plu toute la journée et ce matin encore de l’eau.

Montgoubert

Nous avons été Madame Sevette et moi, hier tantôt, nous promener au château de Montgoubert. Nous avons été mouillées comme des barbets. Aussi, ce n’est pas drôle de rester enfermés. Monsieur Sevette avait emmené Madame Magne aux Alpes mancelles et de là chez sa soeur, la mère de la petite Solange. Ils sont rentrés très tard, 7h moins ¼, aussi Madame Sevette était très inquiète et pensait déjà un accident d’arrivé. Cela n’empêche pas qu’ils sont rentrés le frein à main ne marchant plus du tout et qu’ils ont manqué de rentrer dans un troupeau de boeufs sur la route d’Alençon.

Le soir, en rentrant à l’hôtel de la ferme, nous avons voulu nous arrêter pour prendre le journal, voilà la voiture partie en arrière, impossible de l’arrêter. Il a fallu que M. Sevette aille se cogner dans un trottoir pour nous arrêter. Aussi Madame Sevette n’était pas rassurée du tout et ne veut plus monter dans la voiture tant que le frein ne marchera. Elle disait : “Ah ! Quelle sale bagnole !” Nous, nous pouffions de rire derrière.

Ce matin, ton père va se payer le petit travail si peu agréable que tu as fait avant ton départ : resserrer le frein.

Hier matin, nous avons été chez M. Filleul. Ils nous ont très bien reçu, et nous ont laissé rentrer chez eux. Nous avons fait attention de ne pas salir. Ils ont un jardin magnifique derrière leur maison. Monsieur Filleul nous a offert un superbe bouquet de fleurs. Yvonne en était baba.

bouquet filleul

A part ça, rien à te dire, si ce n’est que tu me manques infiniment et que le pays me semble bien triste sans toi.

En espérant que tu ne t’ennuies pas de trop et que tu es toujours en bonne santé. Je t’envoie mon Loul adoré les plus tendres baisers de celle qui ne pense qu’à toi,

Mino

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