Je suis toute dépaysée

Paris – Le 18 Septembre 1917

Petit Loul Aimé,

J’espère que tu es bien rentré à ton escadrille et que maintenant mes lettres te parviendront régulièrement.

Tantôt, je voulais faire les commissions dont tu m’avais chargé, mais je me suis aperçue que tu as oublié de me laisser ton briquet et l’étoffe pour les ailes. J’ai téléphoné chez toi pour demander à Madame Sevette si tu avais laissé tout ça, mais elle n’a rien trouvé et m’a dit que de l’étoffe, il n’y en avait pas du tout. Alors, qu’est-ce qu’il faut faire ? J’ai peur de ne pas tomber sur le bleu pareil. J’aime mieux avoir une réponse avant de ne rien faire. Pour le briquet, tu as dû certainement le remporter.

Hier, j’ai été à l’enterrement de la petite du dentiste et de là, chez son remplaçant à l’adresse indiquée. On m’attendait et j’ai pu essayer ma dent. Je l’aurai demain matin, aussi je suis très contente. Il faut que je retourne toujours chez le remplaçant, c’est en face l’église St Sulpice.

Après, j’ai été chez toi. Aussi, le soir, j’étais légèrement fatiguée. La voiture sera réparée pour Jeudi soir. Je crois que tes parents sont toujours décidés à partir au Mesle, mais il ne m’ont pas parlé qu’ils m’emmèneraient. Enfin, d’ici là, je verrai.

Mon père ne va toujours pas bien. Hier, il est resté à la maison. Aujourd’hui, il ne peut à peine causer. J’espère que ça ne sera rien de grave.

A part ça, rien de neuf.

J’espère que tu es en bonne santé et que tu ne t’ennuies pas de trop. Moi, je suis toute dépaysée depuis hier matin. Il me semble que je suis un peu perdue dans Paris. Enfin, je me console en pensant à nos 15 jours qui vont venir.

Reçois mon Loul Aimé, les plus doux baisers de ta sale gosse qui t’adore,

Mino

 

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