C’est bien triste de partir

Le 11 Septembre 1917

Petit chéri,

J’ai eu le plaisir de trouver hier au soir dans la boîte aux lettres ta gentille lettre du 8.

Je pars toujours après-demain Jeudi pour Paris. Tout le monde ici est désolé. Yvonne était toute triste hier. Elle voulait que je recule mon départ de quelques jours, ce qui est tout à fait impossible, je ne peux rester ainsi, ça me gène énormément, surtout pour manger. J’aurai du même partir hier. Mais ça m’ennuyait de quitter si brusquement Madame Fleuriel. Elle trouve déjà stupide de partir pour si peu de chose. Moi, je ne trouve pas.

Ça fait que Jeudi soir, je serai de retour à mon triste 112 et mes vacances seront terminées. Je vais attendre impatiemment ta permission.

J’ai reçu ce matin une lettre de Marie-Louise, elle me réclame à cor et à cris. Elle me demande quand je rentre. Elle ne se doute pas me voir si tôt. Je vais lui écrire pour qu’elle vienne me chercher à la gare.

Ce matin, j’ai été faire une dernière partie de pêche. J’ai encore pris 10 carpes et Mademoiselle Suzanne 4. Je deviens très adroite dans ce genre de passe-temps. On en pêche tellement qu’on est forcé d’en donner à tout le monde.

Je suis de plus en plus piquée. Après ma figure, c’est mes jambes. Je suis dévorée par les moustiques.

Il fait très beau en ce moment et c’est bien triste de partir. Enfin, il fallait quand même revenir, à 10 jours près !!!

J’espère que tu es toujours en bonne santé et que tu ne t’ennuies plus de trop.

En attendant une mignonne lettre pour ce soir, je t’envoie mon Loul chéri, une corbeille de cerises de ta sale gosse qui t’adore,

Mino

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